soldes de la fin du monde
ce qui
m’agace le plus chez toi (je le dis parce qu’il nous reste peu d’autres façons
d’aimer) c’est ton cœur coureur de fond, ses battements plus infaillibles que nos bulletins météo passés date (en plus tu sais combien le mien s’emballe dès qu’on l’écoute)
hier
encore je me collais (petite oreille) contre ton cou trépidant presque de la neige
sur le point d’éclore, en même temps que toi, au sein d’un même (mauvais ?) rêve –
regarde aujourd’hui comme le blanc s’affale dense et mouillé sur le pôle noir-éteint
de notre Petite-Patrie sans Père Noël (ça fait combien d’années qu’on ne parade plus sur la Plaza ?)
tu
me l’as dit l'autre fois : « dimanche il va falloir reculer l’heure
» – comment fais-tu pour te souvenir des jours quand il ne reste plus un seul enfant
pour faire tourner le temps comme du monde (le cerceau traîne cassé en s dans la remise du voisin d’en haut) ?
je t’aurais
bien serré les ouïes, mais tu n’aurais
pas compris ce que je voulais dire
et comme prévu début novembre (au point trop tôt venu du soir) aura eu lieu pendant près d’une
semaine, le ciel chaque fois gonflé de nuages roses et tout luisants, comme
pour fêter des noces d’anges (mon catéchisme perd de ses plumes)
ça
nous a fait comme au commencement de la fin
on
est retournés courir dehors et rejouer le soir où on avait descendu Saint-Hubert pour
suivre la comète en train de se coucher, une dernière fois, tout juste derrière le garage donnant sur la courbe passée Rue du Rosaire (c’est à croire que les arpenteurs de Côte-Saint-Louis avaient
vu venir la catastrophe dès 1826)
on l’avait regardée (la comète) dans le blanc des cieux et on lui avait bien fait savoir – toi invulnérable dans ta robe de mariée fraîchement dérobée – moi tout-puissant avec mon glaive gratuit (comme tout le serait à l'avenir) de chez Dracolite (Boutique Médiévale) – que notre abri n'avait jamais été de son monde
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Paul Klee, Feuer im Abend (1929) |
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