scopesthésie
Day now, night now, at head, side,
feet,
They stand their vigil in gowns of stone,
Faces blank as the day I was born,
Their shadows long in the setting sun
That never brightens or goes down.
Sylvia Plath, The Disquieting Muses
Il n’y
a que trois corbeaux. Ne demandez pas si ça s’apprend quand on se lève avant l’éclair
ou si j’ai mal compté. Ce n’est plus moi qui parle lorsque j’invite trois corbeaux ni
plus ni moins (ne les cherchez pas non plus ils ont perdu le noir). Or ces revenants
réverbérés depuis le premier œuf (celui qui a pondu tout ce qui casse à l’intérieur)
– ces trois et vieux échos enflant la coque radio d’un monde tout en miroir – coquille
à maquillage, coquille à notre image – il leur arrive parfois de m’apparaître.
Ils
viennent dévorer.
Je n’ai
jamais plus de sept ans lorsque m’arrive le premier. Vienne la nuit sonne l’heure (le bec se décoinçant rouge de moi). De
toute façon je le sens à peine tant ce qu’il m’arrache – baie blanche et rabougrie
n’ayant jamais demandé qu’à démanger sous le front – ne tient alors déjà plus
fibre – foyer, racine amère – en ma matière.
Le second
m’échoit pour me soustraire enfin à cette honte d’être vague. J’ai vingt-deux
ans alors et mon premier appartement. Papa qui est venu me reconduire chez moi ne
comprend pas (comme c’est peu dire) que j’aie oublié la clé chez lui. L’œil gauche
a beau crever ses eaux dès lors qu’on peut enfin faire sien le droit de tout un
chacun (que la vue s’arrête enfin sur quelque chose).
Quant
au troisième, je crois bien qu’il prépare déjà son festin derrière moi. Je l’entends
croasser (son inaudible quark quark quark)
entre les branches tandis que monte en mon échine – rosée d’orage – le picotement
sans fin d’yeux qui ont vu le commencement. Milles belles billes noires gorgées
de la lumière la plus ancienne.
Mais
je ne compte pas mourir de sitôt. Il n’y a qu’à ne pas se retourner.
Ce
qui remue ne disparaît que lorsqu’on se retourne.
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