pied levé

Fallait-il s’y attendre ? Nous arrivions zodiaques. Déplâtrés vifs. Sous-suscités avant l’heure propice. Pauvres du moindre exemple, sinon ambiances et vagues. Pressions, tiédeurs et battements imposeraient leurs termes aux frères et sœurs dans l’antérieur. (Méditation : sentir encore main tenant main le fond d’air mou d'un tel précipité). La chute fut brusque.

Chamade après chamade un alentour alerte et remontant soudain – reflux acide : nom composé de la lueur-et-déchirement – de l’absence démesurée qu’avale encore (à peine) l’arrière-pays des yeux. L’effort fut commencement fendu dans le rose croûté de nos paupières. (Prière : se souvenir en se frottant le front de chaque mur auquel on l'a cogné pour disparaître). Fallait-il être prêt ?

Comme on l’était ce dimanche après-midi, de belles années plus tard, la fois où on a fait le détour pour aller revoir couler, depuis le pont couvert dit des Raymond, le brun laiteux de la Seine (le ruisseau descend de Saint-Célestin à Précieux-Sang pour aller se perdre dans la rivière Bécancour). Tu m’avais rappelé ces virées d’été, vertiges et vents à dos de frère sur sa moto. Puis celles d’hivers plus anciens, encore emmaillotés dans la carriole ombilicale où il fallait apprendre à suivre les traces (et les grondements de ski-doo) de papa. L’odeur de carburant avait fini par remonter le courant, fruitée comme un souvenir trop mûr.

Celui de maman adolescente, grisée et rêvassant bien étendue sur l'immense réservoir à essence de la ferme à Saint-Grégoire. Les lèvres encore près du goulot, les pieds ballant dans le vide, elle songe à tout ce qui tarde en elle (à nous peut-être) tandis qu’un bouchon noir semble vouloir lui échapper des mains.


Yū Sakai, Horizon (2012)


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