stations

on a manqué le dernier métro de trois ans

on s’est quand même assis en attendant
que rien ne vienne récupérer
nos deux flèches perdues sur la carte

il n’y aura plus de visage
dans la foule plus de pétale
sur la branche noire et mouillée

l’arbre s’est fait pore il a recraché
l’écorce par la peau il renâcle
et se débite il redevient grume vive
laisse s’évaporer ses cercles
de croissance il s’offre à l’atmosphère
réenracine son or sa pulpe
au-dessus de la noyade ou de l’électrocution

dans le ronflement des tunnels

je te demande si le courant
passe toujours entre nous deux   

tu me dis qu’il grésille sous le bleu des eaux
que notre amour aussi est bleu
comme l’ozone qu’il nous protège encore
de loin puis tu regardes convulser
les cernes derrière les vieilles affiches
tu dis qu'une écriture tente de revivre

words of the prophets 
on the subway walls

ces mots j’aurais besoin que tu me les lises
je ne vois plus clair je ne reconnais plus
ce qui m’attend j’attends seulement
que la mort vienne nous prendre
dans sa pitoune collective

pendant que Rosemont nous lustre
comme deux dix cennes tout neufs
au bout d’un long trou noir


The Beyond, Georgia O'Keeffe (1972)


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