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Affichage des articles du juillet, 2023

l'écart du polatouche

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il faut que j’avoue – je sais pas pourquoi j’ai le cœur aussi en honte de te le dire – je me sens comme dans cette vieille comédie (j’oublie laquelle) où un grand type plus beau que la vie ne dit pas assez droit en partant ce qu’il va falloir réaligner pendant une heure (la nôtre je veux dire parce que lui ça peut souvent durer des mois) : essaie donc voir de rectifier cet angle infime où tu es laid pour que ton amour filant n’aille pas se casser le cou sur la petite fenêtre fermée au bout de sa course (ce moment de l’histoire où il faudrait que tout finisse ensemble-comme-au-commencement comme si le même était semence, réserve) bref je vais t’avouer que j’ai une petite bête une convoitise frileuse qui se démène partout où je te regarde partout où je me souviens de nous partout où on s’attend encore (près de l’imprévu ou non) c’est un rongeur une boule blanche plus menue qu’un écureuil – qui sait c'est peut-être un suisse des neiges ou un tamia guimauve ? – je le vois mal et qu’e...

scène conjugale

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Tu me laisses pas le temps de revenir au monde. « Y a un blanc dans tes yeux quand tu me regardes. Ça fait des mois maintenant. L’as-tu remarqué ? » Je te trouve dure de me dire ça quand je me lève le matin. De me dire ça non pas en vue de tester les eaux (le fond d’ombre et de vase sous la vitre de mon lac au soleil c’est pas toi qui s’y noie doucement). De me dire ça pas plus afin que je te répète comme irrité l’une de nos preuves-à-nous l’un de ces petits contraires que je t’invente et qu’il te faut parfois – au gré d’un temps qui fait sans donner l’heure – pour me sentir assez présent pour toi. De me dire ça pas même comme un reproche (je sais je m’envole souvent mais les ailes ne sont pas à moi tu es bien placée pour le savoir). Non tu me dis ça comme on regarde par la fenêtre une pelle neuve plantée dans le banc de neige – une pelle oubliée là depuis que l’auto-qui-ne-reviendra-pas se sera déprise en un dernier ahan – une pelle affligée là et que la déneigeuse municipale vi...

fleurs pariétales

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Est-ce moi Qu’est ce que c’est Hector de Saint-Denys Garneau je suis une tête de nœud une boîte en teck avec un nœud dans le bois le nœud dans le bois de ma tête en teck c’est une fleur qui sent le roussi c’est une pyrogravure je suis une boîte à fleur une tête en bois brûlé avec un nœud pivoine boucanant mal à l’intérieur et les fourmis sur les pétales de ma pivoine saumon fumé (d’infimes fourmis charbon montant en file incandescente depuis le noir moelleux de l’énigme au fond de ma boîte) démangent tout arbre et écorce parfois je me déboîte pour que des enfants – que ma fumée attire leur feu précoce – pour que de minuscules enfants aux yeux ronds comme des cavernes posent leurs doigts tout sales sur le rose tabac de mes pétales mes fourmis aiment tous les enfants elles sentent ce que cache l’ongle remontent le doigt le blanc du poignet le coude le cou le gras des joues elle sentent poindre la cire d’oreille infiltrent la larme à l’œil c’est un j...

scopesthésie

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Day now, night now, at head, side, feet, They stand their vigil in gowns of stone, Faces blank as the day I was born, Their shadows long in the setting sun That never brightens or goes down. Sylvia Plath, The Disquieting Muses   Il n’y a que trois corbeaux. Ne demandez pas si ça s’apprend quand on se lève avant l’éclair ou si j’ai mal compté. Ce n’est plus moi qui parle lorsque j’invite trois corbeaux ni plus ni moins (ne les cherchez pas non plus ils ont perdu le noir). Or ces revenants réverbérés depuis le premier œuf (celui qui a pondu tout ce qui casse à l’intérieur) – ces trois et vieux échos enflant la coque radio d’un monde tout en miroir – coquille à maquillage, coquille à notre image – il leur arrive parfois de m’apparaître. Ils viennent dévorer. Je n’ai jamais plus de sept ans lorsque m’arrive le premier. Vienne la nuit sonne l’heure (le bec se décoinçant rouge de moi). De toute façon je le sens à peine tant ce qu’il m’arrache – baie blanche et rabougrie n’...