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Affichage des articles du septembre, 2022

boues et bouées du déluge

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Sous le ciel à l’huile vieillie (et turnérien) d’un monde réduit au brun, aux flaques, la vie reniflait lentement son cours. Animaux jusque dans le poil de nos blessures, nous rôdions invisibles. Qui osera nous avoir vus, garrots et reins rougis de boursoufflures, flairer sans faim le limon blond – sels et dépôts – d’un âge qui aurait dû ? Nous tâchions de naître en suçotant la petite (et pré)histoire de nos pigments. En avalant la pénitence à quatre pattes. Sans honte de bousculer, quitte à crever à cause du dur au bout de nos cornes, une puanteur, un grognement familiers. N’est-ce pas encore ainsi qu’on fend et fait sécher (focalisons essence et capital) tant de hordes de bois qui dorment en rêvant à nous ? Mais en ces temps nus là, la dépense de nos forces, volutes et tourbillons de muscles, éclaboussait les champs (mi-vectoriels, mi-vertes prairies) sans trop savoir appartenir (rien n' à-part -tient non plus en mes jeux de pistes ne menant nulle part). Bien sûr quelqu’un (comme...

ce qu'il advint du duvet

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La première fois il y eut écharde et cri.  Piercing  et traversée de l’édredon tendu sur l’habitable alors intégralement vibrant (il n’y avait pas que les « épidermes » de « sensibles »). C’était la vie, ce serait maintenant la loi. Matrice et compulsions. Ritournelle et fausses notes. Rien ne serait plus joué à l'oreille seule. Demeurons tout de même reconnaissants. L’excitation n’en grimperait pas moins parfois picotement au lobe gauche. Et les constats de délivrance (bien meuble s’il en est) s’ensuivraient tout-aussi-presque inévitables (encore on se soulage à chaque fois que cède l’huître). Nous sommes partout tatoués de ces garanties originaires et prolongées. Pourtant (ou serait-ce  pour tant  ?). Qui n’a jamais  senti  la limaille-et-ferment (qu’on me laisse ici chanter l’irritant météore) forer l’enflure au firmament pour y couver le bleu grisant-grisé de l’éclair à venir (bientôt frêne d’un monde à l’envers) ? Puis, dans l’innommable pâte...

au commencement était le coloriage

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Alors nos cuirs tue-mouches (on se mordait pour se faire tout-petits) tendaient à fendre ou à confondre leurs couleurs à l’assaut du moindre frémissement. La faute reste mal comprise (qui a connu autant que nous et sait encore ce qu’on éprouve quand quelque part se lève ?). On n’avait pas encore appris à distinguer les trois usages du sang. Dégâts. Offrandes et rougissements. Rien ne lésait plus vrai que le point des larmes (l’eau n’avait pas d’autre sens) lorsqu’un ciel bouillonnant laissait flotter sur le rassemblement des forces sensibles ces fleurs qu’on appelait rouilles-des-pommiers. Combien de bleuets n’ont pas eu le choix du blanc qui a porté leur lente convocation ? Combien de carrosseries gisaient encore à dénicher sous tant de surfaces opaques ? Le monde était entier de tales et de grappes. Il n’y avait que la souche-née-telle (la mort au centre de toute chose) pour assumer l’économie première. Le brun des pistes à venir. Le clair d’orage dans le doux du vent. Le vert de con...

planche anatomique

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c’est ton doigt qui percera le premier : léchées de ciel sur le vernis d’un ongle cassé dans l’insenti de la glaise-mère (tant de chairs fouies en une) l’engourdissement n’a jamais lieu ce n’est pas moi qui le dit (je n’ai plus rien de propre) mais ce sera noté sur le rapport préliminaire : « tout n’est que boue mais les couleurs ! » on nous les reprendra toutes et nous reparaîtrons nœuds et colliers (comme ceux que tu bricolais en mourant : ne t’étais-tu pas parfumée ce soir-là ?) sur des lamelles transversales avec cette seule main à moi encore tenace qui reposera cousue à la tienne dans notre présentoir en vitre